CASCIA
Petite vie de Sainte RITA

Rita est née vers 1381 à Roccaporena, en  Ombrie (Italie centrale) et à été baptisée dans l’église sainte Marie de la Plèbe de Cascia. Cascia (à 5 km de Roccaporena) est une cité fortifiée du domaine  des États du Pape, à 200km environ au nord-est de Rome. Les autorités locales y mènent une politique marquée par un sens élevé de la justice et du bon gouvernement. Des mesures et des lois sont prises pour favoriser l’hygiène publique, la protection des orphelins et des veuves, l’instruction publique, les œuvre de piété.  Outre le nombreux clergé séculier, la petite ville de deux mille habitants compte onze couvents et de nombreuses associations pieuses. La région vit assez pauvrement de l’agriculture, d’artisanat et surtout de commerce car elle est située sur une importante voie de communication entre Milan et Naples.

Cascia, comme de nombreuses cités italiennes de ce temps est une ville où les valeurs humaines et civiles autant que religieuses sont estimées et favorisées. Les parents de Rita, d’honnêtes bourgeois, sont des « pacieri »,  littéralement des « faiseurs de paix » c’est-à-dire des conciliateurs. La tâche des « pacieri » était de réconcilier les adversaires, pour l’amour de Dieu. Dans tous les cas, la pacification se faisait devant témoins et s’achevait par un acte notarié. Elle avait pour but d’éviter un procès et de rompre le cycle infernal de la vengeance. Il pouvait y avoir aussi obligation de réparation matérielle des dommages causés. La pacification engageait les deux parties et leurs héritiers pour toujours.

Miracle des abeilles

« Rita » est un diminutif de Margherita (Marguerite). Peu après sa naissance, l’enfant se trouve un jour entourée d’abeilles dont certaines pénètrent dans sa bouche et en ressortent sans la piquer. Cet épisode, appelé « miracle des abeilles », attesté par de nombreux témoignages, établit entre Rita et les abeilles un lien providentiel qui  n’est pas sans significations spirituelle. Saint Ambroise donne l’abeille comme un modèle de vie : « Faites que votre travail soit semblable à celui d’une ruche, parce que votre pureté et votre chasteté doivent être comparées aux abeilles laborieuses, modestes et continentes. L’abeille se nourrit de rosée, ne connait pas les vices de la sensualité et produit le miel précieux. La rosée d’une vierge est la parole même de Dieu qui, comme la rosée des abeilles, descend bienveillante et pure du Ciel. Rita reçoit de ses parents une éducation soignée et une solide formation religieuse, marquée par la dévotion à la Sainte Eucharistie. A Cascia, la procession de la Fête-Dieu revet un éclat particulier : on y vénère la relique d’un authentique miracle eucharistie, qui a fait l’objet d’un acte notarié conservé aux archives de la commune. Le miracle a eu lieu à Sienne : un prêtre, devant porter la communion à un malade, place négligemment l’Hostie consacrée dans son bréviaire. Au chevet du malade, il ouvre le livre et trouve l’hostie toute liquéfiée, presque sanglante, et les deux pages maculées de sang. Une de ces pages et l’Hostie sont confiées au monastère Saint-Augustin de Cascia où un reliquaire,  confectionné tout exprès, les conserve. Tous les ans, à la Fête-Dieu, ce reliquaire est porté en procession.

Un jour, dans l’église du Monastère Sainte Marie-Madeleine des Augustines de Casia, Rita assiste à la Sainte Messe et entend intérieurement le Christ lui dire :Je suis la Voie, la Vérité et la Vie (Jn14,6). Cette parole intérieure semble être le point de départ de sa vocation religieuse. Rita s’ingénie à obtenir de ses parents la permission de se consacrer à Dieu, mais elle n’y parvient pas. Au contraire, dès l’âge  de douze ans, elle est promise en mariage à Paolo di Fernando, jeune homme de Roccaporena, de mœurs rudes, que l’amabilité de Rita adoucira. Après leur mariage, ils vivent en bonne harmonie et deux fils leur naissent. Mariée et mère de famille Rita poursuit son intense vie spirituelle. Mais après une quinzaine d’années, un drame survient :  le mari de Rita est assassiné sans que l’on puisse connaitre avec certitude la raison de ce meurtre.

La vendetta

Dès ce jour, Rita demande dans sa prière la force de pardonner à l’assassin et supplie le Seigneur avec assiduité de lui pardonner aussi .Mais elle craint que ses fils ne cherchent un jour à venger leur père ( la « vendetta » était dans les mœurs des pays méditerranéens) ; pour les détourner de cette tentation, elle cache la chemise ensanglantées de son mari et les exhorte eux aussi au pardon, conjurant le Bon Dieu de lui prendre aussi ses enfants plutôt que de permettre qu’ils ne se laissent aller à la vengeance. Quelques mois plus tard, les deux garçons de Rita décèdent de maladie, sans s’être vengés. Le pardon de Rita se manifeste aussi par son refus de livrer à sa belle-famille le nom de l’assassin de son mari ; ce qui lui vaut l’indignation de celle-ci.

Difficile mes possible

Devenue veuve, Rita quitte la demeure familiale de Roccaporena pour s’installer dans une petite maison où elle s’adonne à la prière et aux œuvres de charité. Elle se rend de temps à autre au sommet du Schioppo, piton rocheux d’environ 120 mètres de haut qui se dresse à la sortie de Roccaporena l’endroit, d’accès difficile offre une vue magnifique sur les alentours et la solitude  qu’on y trouve favorise la prière. L’ancien désir qu’a eu Rita de se consacrer à Dieu resurgit et elle demande à être admise au monastère Sainte-Marie-Madeleine de Augustines de Cascia. Mais malgré ses instances, on la repousse. Très affligée, Rita redouble ses prières et une nuit, elle entend Saint Jean-Batiste qui l’invite à se rendre au sommet de Schioppo. Là une vision du Précurseur accompagné de saint Augustin et de saint Nicolas de Tolentino ( qui n’était pas encore canonisé) la réconforte. Les trois saints la conduisent mystérieusement au monastère où sa demande est enfin acceptée. La communauté compte dix religieuses dirigées par une Abbesse. Au noviciat, Rita lit l’Ecriture Sainte avec avidité s’initie à la psalmodie de l’Office divin et récite le Rosaire. Avant sa profession religieuse, elle donne tous ses biens au monastère.

La vie de Rita au couvent n’est pas sans épreuves. Une fois au moins, elle est tentée de retourner dans le siècle ; d’autre part, de nombreuses tentations, notamment contre la vertu de chasteté, viennent l’assaillir. Elles les combat par la prière et la pénitence. Mais le démon continue à la tourmenter de diverses manières. Pour le vaincre, Rita contemple la passion du Christ. Une très ancienne relation de sa vie, le Breve racconto, rédigé à l’occasion de sa béatification en 1628, nous la montre appliquée à cet exercice dès avant son entrée au couvent : « Pour aider son imagination à rester toujours occupée des mystères célestes sans se laisser distraire inutilement par des objets moins dignes, elle se représentait les diverses parties de sa pauvre maison comme les différents lieux de la cruelle Passion du Sauveur. Ainsi, dans un coin, elle reconnaissait le Mont Calvaire dans un autre le Saint-Sépulcre, ailleurs la Colonne de la flagellation, et il en allait de même de tous les autres mystères. Cette application l’aida tellement qu’elle le renouvela plus tard, au monastère, dans l’espace restreint de sa petite cellule ».

La vie spirituelle de Rita est influencée par le Franciscains, pour qui la dévotion à la Passion du Christ tient une place centrale. Saint Bonaventure écrit à un religieuse : « Celui qui ne veut pas voir s’éteindre en lui la piété, doit souvent, toujours même, contempler des yeux de son cœur le Christ mourant sur la croix… s’il vous arrive quelque chose de triste, de pénible, d’ennuyeux, d’amer, ou bien si vous éprouvez du dégoût pour quelque bien à faire recourez sans tarder à Jésus Crucifié,  suspendu à la Croix ; voyez la couronne d’épine, les clous de fer, la trace de la lance dans le côté, contemplez les blessures des pieds, les blessures du côté, les blessures de tout le corps, vous rappelant comme Il vous a aimée, Celui qui a souffert pour vous de la sorte et a enduré pour vous de tels tourments ! » (De Perfectione vitae).

Une épine au front

Lors du carême de 1425, Saint Jacques de la Marche, un Franciscain, prêche tous les jours à Cascia. Bouleversée plus que tout autre par sa prédication du Vendredi Saint, Rita se sent gagnée par le désir de participer de quelque manière aux tourments du Sauveur. Retirée dans sa cellule, elle se jette aux pieds du Crucifix et, supplie le Seigneur de lui accorder d’éprouver au moins la douleur d’une pointe de la couronne d’épines. Plusieurs années après en 1432, elle reçoit la grâce d’une stigmatisation très spéciale, une épine de la couronne du Christ la blesse miraculeusement au front, de telle sorte que la plaie ne se refermera pas avant sa mort.

Les documents qui attestent ce fait ne laissent aucun doute. Presque deux siècles après la mort de Rita, l’auteur du Breve racconto affirme que la plaie du front est encore visible sur son corps demeuré sans corruption. Lors des reconnaissances  du corps de la Sainte, en 1972, en 1997 et plus récemment encore, les spécialistes ont attesté l’existence d’une altération osseuse tout à fait nette au front de Rita. A l’occasion du sixième centenaire de la naissance de Sainte Rita, le Pape Jean-Paul II  écrivait : « Un point de rencontre significatif se

Une rose sur la neige

Dans les derniers mois de sa vie, alors qu’elle souffre de maladie, Rita reçoit la visite d’une parente. Au moment où elles se quittent celle-ci lui demande si elle désire quelque chose de sa maison. Rita répond qu’elle aurait désiré une rose et deux figues de son jardin. La parente sourit car on est au plus fort de l’hiver, et pense que la malade délire. Arrivée chez elle, sa surprise est grande de trouver sur un rosier dépouillé de feuilles et recouvert de neige, une rose splendide ainsi que deux figues sur le figuier. Elle cueille la fleuret les fruits et la porte à la malade. Ce miracle vaut à Rita l’appellation de « Sainte des roses »

Rita est décédée vraisemblablement en 1447 ou 1457, le 22mai. Le Breve racconto  nous dit qu’à l’approche de sa mort, elle jouit d’une apparition de Jésus et Marie. Toute joyeuse, elle demande alors les derniers sacrements et s’éteint paisiblement. Aussitôt les cloches de l’église se mettent à sonner toutes seules. Le corps de Rita ne s’est pas corrompu, le fait est attesté à différentes époques, à plusieurs siècles de distance. La conservation miraculeuse du corps après la mort a toujours été considérée par les chrétiens comme un signe de sainteté du sujet, et un gage de la résurrection future.