La vie de Sainte Rita

1381–1397 « Rita Fille »

1397–1406 « Rita Épouse et Mère »

1406–1407 « Rita Veuve »

1407–1457 « Rita Moniale »

1457 « Mort de sainte Rita »

1457 « Les premiers miracles »

1626–1900 « Béatification et Canonisation »

1381–1397 "Rita Fille"

Son véritable nom est Margherita Lotti, fille de Antonio Lotti et de Amata Ferri.

La petite Margherita de Roccaporena, hameau situé à 5 km da Cascia, nait en 1371 (selon certains en 1381). Deux hypothèses sont retenues : naissance en 1371 ou 1381, et pour la mort, par conséquent 1447 ou 1457.

[Les dates de 1381-1457 ont été reconnues comme officielles par le Pape Leon XIII lors de la canonisation.]

Dans un climat d’un calme précaire, Antonio et Amata ont une fonction de ‘pacificateurs”. Les parents de Rita sont particulièrement estimés et les statuts de la commune libre de Cascia leur attribuent la fonction de mettre la paix entre les adversaires ou de tenter au moins d’éviter l’effusion de sang entre les familles en conflit.

La famille de Rita n’est pas noble, mais d’un bon niveau social. Ses parents, en raison de leur fonction, ont une bonne réputation et même un certain prestige social, moral et économique. Rita est baptisée dans l’église augustinienne de Saint Jean-Baptiste, au sommet de la colline de Cascia. A cette époque, en effet, Sainte Marie se trouvait hors des murs de la cité et il est attesté que les fonds baptismaux se trouvaient à Saint Jean-Baptiste, église située dans le cœur de la cité (près de l’église Saint-Pierre, la plus ancienne).  

La seule instruction dont Rita peut bénéficier est celle des Augustinien, elle apprend d’eux la dévotion à ses saints protecteurs : Augustin, Jean-Baptiste et Nicolas de Tolentino (bienheureux à cette époque).

1397–1406 "Rita Épouse et Mère"

Arrive pour Rita l’âge de fonder une famille. Elle épouse par amour Paolo Ferdinando di Mancino.

Ce n’est pas un homme violent comme on l’a parfois décrit, mais un partisan des “ghibellins” (un des deux partis qui défendent des dynasties impériales).

Par son amour, Rita l’aide à vivre de façon chrétienne son engagement politique.

Ils ont deux enfants, sans doute jumeaux ou proches d’âge : Jean-Jacques et Paul-Marie.

La famille s’agrandit donc, s’assagit et vient habiter au “Mulinaccio” (le Moulin), propriété de Paolo, plus spacieuse et qui offre un revenu par travail de meunerie.  

1406–1407 "Rita Veuve"

Paolo di Ferdinando di Mancino est assasiné prés du “Mulinaccio”, vers 1406. Rita, accourue rapidement, ne peut que recevoir son dernier soupir et cacher la chemise ensanglantée pour éviter que ses fils ne se vengent. Elle pardonne et ne révèlera jamais le nom des assassins, ce qui suscite la haine de la famille de son mari.

Une crainte l’assaille : que ses fils entrent dans la spirale de haine et de vengeance. Elle supplie le Seigneur de les protéger de toute atrocité et de tout désir de vengeance. Les deux jeunes gens meurent alors l’un après l’autre, sans doute de la peste ou de quelque autre maladie. Restée veuve vers 1406/7, Rita contemple davantage le Christ souffrant et se retire souvent au sommet des rochers de Roccaporena.

1407–1457 "Rita Moniale"

Après l’assassinat de son mari et la mort tragique de ses deux enfants, Rita se réfugie dans la prière. Progressivement murit en elle le désir d’élever son amour à un autre niveau, à un autre époux : le Christ. Elle a 36 ans lorsqu’elle frappe au Monastère de Sainte Marie-Madeleine. Et est finalement accueillie en 1407, grâce à l’aide de ses trois protecteurs : les saints Augustin, Nicolas de Tolentino et Jean-Baptiste. Elle reçoit l’habit et la Règle de saint Augustin qu’elle suivra pendant jusqu’à sa mort.

Ascèse, contemplation, prière, pénitence et action manifestent la foi de sainte Rita pendant ces 50 années de vie cloîtrée. 

On raconte que durant le noviciat de Rita, la Mère Abbesse, pour éprouver son humilité, lui aurait demandé de planter et d’arroser un morceau de bois sec. La sainte obéit sans retard et le Seigneur récompense sa servante en faisant fleurir une vigne à partir de cette branche. La vigne devient ainsi symbole de la patience, de l’humilité et de l’amour de Rita envers ses sœurs et son prochain. Celle qu’on peut voir aujourd’hui dans le cloître du monastère n’est plus celle de la tradition, elle n’a que deux cents ans, cependant elle symbolise tout cela.

A l’exemple de ses parents, Rita travaille à la réconciliation. Un jour, un événement bouleverse la vie de la petite ville de Cascia : en 1426, une véritable bataille divise ceux qui soutiennent la « Table de saint Bernardin » (l’inscription YHS utilisée par les Franciscains pour désigner Jésus Sauveur des Hommes) et les Dominicains unis aux Augustiniens qui la combattent. Ils ont à leur tête un théologien, le frère André. Les Augustiniens ajoutent à l’inscription de saint Bernardin XPS (Christ) pour bien mettre en évidence les deux natures, humaine et divine, du Sauveur. La tension est telle qu’on en arrive à des heurts violents et Rita obtient la réconciliation des deux parties. C’est pourquoi on peut lire sur son sarcophage YHS et XPS.

On lit aussi sur son épitaphe  XV anni la spina patisti (tu as porté l’épine pendant 15 ans). Après avoir vécu la douleur de perdre sa famille, Rita vit, dans le monastère, une autre douleur : celle du Christ en faveur de l’humanité. Elle demande et obtient de son Bien-Aimé, comme gage d’amour, de participer davantage à ses souffrances. En 1432, pendant qu’elle est en prière et médite la Passion du Christ écrite par Jacques de la Marque en 1425 en l’église de Sainte Marie, Rita, formée à la spiritualité augustinienne centrée sur l’amour de l’humanité du Christ, demande au Seigneur de l’unir aux souffrances de sa Passion. On ne sait pas exactement comment les choses se sont passées, mais à l’instant même, dans une lumière fulgurante, une épine du Crucifix se détache et s’imprime profondément dans son front et dans son âme. 

A cette époque, Rita effectue le seul voyage de sa vie hors de Cascia  : un pèlerinage de pénitence à Rome, sans doute pour la canonisation de Nicolas de Tolentino en 1446. La plaie se ferme avant le départ et se rouvre au retour. On peut voir au Monastère le Christ du Miracle. Rita a vécu ce don avec une grande humilité, sans s’enorgueillir, et en parlant le moins possible, comme d’une blessure. Après sa mort, elle sera vénérée comme une protectrice lors de la peste, sans doute parce que durant sa vie, elle a soigné les pestiférés sans attraper la maladie. C’est ce qui lui a valu la réputation de s’occuper des cas désespérés.

1457 "Mort de sainte Rita"

Durant l’hiver qui précède sa mort, Rita, gravement malade, reste dans sa cellule. Le souvenir de Roccaporena, de Paolo et des enfants est encore vif, elle prie pour ses défunts et se demande si le Seigneur a accueilli ses sacrifices et ses prières pour leur salut. Elle demande au Ciel un signe, et le ciel lui répond avec tendresse. Elle demande à une parente venue la visiter de passer dans son jardin de Roccaporena et d’y cueillir deux roses et deux figues. C’est l’hiver, un mois de janvier froid et neigeux. La parente obéit et trouve les deux roses et les deux figues qu’elle porte à Rita. Ses prières ont été entendues, son mari, mort assassiné, et ses deux fils ont donc été accueillis en Paradis.

Le corps rompu par la souffrance, Rita s’approche de la rencontre céleste dans la nuit du 21 au 22 mai 1437. La tradition raconte que les cloches du Monastère se mirent alors à sonner miraculeusement, et que les gens du village se sont rendus au Monastère pour vénérer la sainte religieuse.

1457 "Les premiers miracles"

Dès 1457, à l’initiative des autorités municipales, les premiers miracles de sainte Rita sont reportés dans le Codex miraculorum (Livre des Miracles). Parmi eux, on trouve celui qu’on appelle maxime, le plus extraordinaire, celui d’un aveugle qui retrouve la vue.

Le corps de Rita n’a jamais été enterré, en raison du culte né immédiatement après sa mort. Grâce à ses vertus, des ex voto sont apportés par ses fidèles. Devant une telle vénération, les sœurs décident de mettre le corps dans une caisse et Maître Cecco Barbari se charge de construire le premier cercueil, appelé « l’humble cercueil ».
Dans les actes du procès de béatification, on lit que “Après qu’elle soit morte, comme on devait faire un cercueil pour déposer le corps de la Bienheureuse, en raison de tous les miracles qu’elle faisait, et ne trouvant personne pour le faire, un certain Maître Cicco Barbaro da Cascia, qui était venu avec d’autres gens voir le corps de la Bienheureuse et qui était handicapé des mains, dit : ‘ah si je n’étais pas handicapé, je le ferais, ce cercueil’ et après avoir prononcé ses paroles il retrouva l’usage des ses mains et fit le cercueil. »

Mastro Cecco, guérit en voyant le corps. Ce témoignage a une grande importance, car il atteste que la Bienheureuse, juste après sa mort, a été portée à l’église sans cercueil, sans doute enveloppée d’un linge, pour être enterrée dans la tombe des moniales. Mais les gens sont accourus pour la vénérer, empêchant les sœurs de faire les funérailles. Le corps est donc resté un peu visible et la nouvelle des miracles s’est répandue.

Cette même année 1457, à cause d’un incendie dans l’oratoire, le cercueil et le corps intacts sont mis dans le sarcophage appelé aujourd’hui “cercueil solemnel”. C’est sans doute le même donateur qui fit faire ce monument comme ex voto ou à la demande de sa famille, dévote de la Sainte.

Ce “cercueil solennel”, réalisé dix ans seulement après la mort de Rita, témoigne d’une réputation de sainteté qui s’agrandit. On y écrivit l’épitaphe commémoratif. Le corps de sa sainte fut encore transporté jusqu’à la belle chapelle de la Basilique qui lui est consacrée. Aujourd’hui, le “cercueil humble” est gardé dans le “cercueil solennel”, dans la cellule de sainte Rita qu’on peut visiter.

1626–1900 "Béatification et Canonisation"

La vénération a été immédiate chez les concitoyens, mais plus difficile fut le chemin des autels. Le procès de béatification commença le 19 ottobre 1626, sous le pontificat de Urbain VIII, qui connaissait bien la sainte, ayant été évêque de Spolète jusqu’en 1617.

Parmi les principaux soutiens de la cause, outre la famille Barberini, il y eut le Cardinal Fausto Poli, né à Usigni, village proche de Cascia. Il s’occupa aussi des lieux commémoratifs de Roccaporena, et transforma en 1630 la maison natale en chapelle.

Le procès eut lieu à Cascia, dans l’église Saint François, avec grande minutie. Ensuite, le 2 octobre 1627, Urbain VIII donna l’autorisation de célébrer la messe en l’honneur de la bienheureuse Rita chez les Augustiniens et dans le diocèse de Spolète. Le 4 février 1628 il donna encore la faculté aux prêtres diocésains de célébrer cette messe dans les églises augustiniennes. C’était un moyen de reconnaître la béatification, sans la forme solennelle. 

En 1737, les Augustiniens et la commune de Cascia veulent faire aboutir le procès de canonisation. Après une série de difficultés, le procès étant interrompu à plusieurs reprises jusqu’à la réouverture de 1853 et au miracle de Cosma Pellegrini di Conversano en 1887.

Le 25 février 1896, est rédigé le décret sur les vertus héroïques. En 1899, après avoir examiné divers miracles utiles à la canonisation on reconnut : le parfum qui exhale du corps de la sainte, la guérison de la petite Elisabetta Bergamini et celle de Cosma Pellegrini, de maladie incurable.

Le 24 mai 1900, Leon XIII proclame Sainte Margherita (Rita) de Cascia.

Jean-Paul II, durant le grand jubilé de l’an 2000 accorda une audience générale à une pélerine spéciale à ses frères. Rita de Cascia vint de nouveau à Rome, volant avec la Police d’Etat, accompagnée par l’archevêque Mons. Riccardo Fontana, Le recteur P. Bolivar Centeno et P. Giovanni Scanavino, le 19 mai. Elle fut escortée par ses confrères de Saint Augustin au Champ de Mars. Toute la journée se passa dans la prière et les célébrations. Le lendemain, accompagnée par la foule, alors que des fidèles attendaient déjà Place Saint Pierre, elle fut conduite jusqu’au Pape. Cette visite témoigne au monde que son message d’amour, de paix et de réconciliation doit aujourd’hui encore triompher. Par la volonté du Pape, Sainte Rita fut alors insérée dans l’édition typique du missel romain de 2001.

Le corps de Rita repose dans la basilique de Cascia depuis le 18 mai 1947 dans l’urne d’argent et de cristal réalisée en 1930. Les examens médicaux attestent d’une plaie osseuse sur le front, preuve du stigmate. Le visage, les mains et les pieds sont momifiés alors que sous l’habit religieux se trouve le squelette entier (réduit à cet état depuis le début du 18e siècle). Le pied droit montre les signes d’une maladie (sciatique ?) des dernières années et la taille est de 1,57 m.

La sainte des causes désespérées

Les témoignages de miracles ne cessent d’arriver chaque année, par milliers, ce qui vaut à Rita ce titre de sainte des causes désespérées. Car tout est possible quand on fait confiance à Dieu.  Femme de dialogue et de réconciliation, sainte Rita parle à tous, même à ceux qui ne sont pas chrétiens. Son chemin est fait d’humilité, de sacrifice, d’accueil et de dialogue. Cette voie rend toute chose possible. Son exemple de simplicité et de foi, elle nous adresse un message de paix qui traverse le temps, invitant au dialogue et au pardon.